La séance début par la projection de deux petits diaporamas. Le premier explique le déroulement du budget participatif et les termes utilisés par la mairie. L’autre montre où en sont les réalisations demandées par le secteur et certains gros travaux sur la ville, comme la troisième perimetral, sorte de périphérique intérieur. La question est d’importance : pour une population d’un million trois cent mille habitants, Porto Alegre a un territoire presque six fois plus étendu que Paris. Après la projection, la quinzaine de personnes qui se sont inscrites sont appelées une à une pour s’exprimer. La règle est de parler au maximum trois minutes. Les discours sont généralement très concrets : la mairie nous a promis une école et nous attendons toujours ; dans mon quartier, nous avons besoin d’une antenne sanitaire ; ici nous sommes en train de monter un projet pour favoriser la création de microentreprises… Les locuteurs sont lyriques ou timides, ils pestent souvent contre la municipalité. Jamais ils ne laissent indifférents les autres participants, qui huent ou applaudissent, c’est selon.
Ces intervenants viennent représenter leur groupe d’habitants ou leur association, ils sont en pleine « campagne électorale ». Chaque petit groupe a déjà un ou plusieurs porte-parole et le nombre de ses délégués va dépendre du nombre de personne inscrites sous le nom du groupe. Il faut donc convaincre tous ceux que l’on peut de venir participer au moins à cette réunion afin d’obtenir un maximum de délégués qui défendront les demandes devant les autres groupes. Il peut y avoir compétition pour représenter un groupe si celui-ci n’a le droit de choisir qu’un délégué. Dans ce cas, un vote interne au groupe, à main levée ou à vote secret, permet de trancher. Les futurs délégués de secteur sont des personnages importants dans le budget participatif : ils coordonneront la multitude de réunions qui auront lieu de mars à juin et qui sont destinées à donner aux habitants la possibilité d’émettre leur avis sur ce qui manque dans leur quartier : une école, un centre de formation, un poste de santé, des lampadaires, plus de bus, la restauration d’un bâtiment. Ils discuteront avec les autres délégués au sein du Forum de secteur pour choisir les demandes qui leur paraissent les plus importantes et pour les hiérarchiser. On ne vote pas pendant les plénières. Ce sont des réunions spécifiques que chacun des groupes qui se sont inscrits élisent leurs délégués, qui battent très fort le rappel à cette occasion.
Extrait de Porto Alegre, l’histoire d’un autre démocratie, par Marion Gret et Yves Sintomer (2005).