Le fonctionnement du budget participatif, pour s’adapter aux besoins, est renégocié chaque année. L’organisation repose principalement sur une base géographique, avec un forum pour chacun des seize secteurs. À partir de 1994, des plénières thématiques ont été ajoutées (aide sociale, culture, développement économique et tourisme, développement urbain et environnemental, jeunesse, femmes, santé et « population noire ») et permettent de penser les enjeux de planification urbaine de manière plus structurée que la juxtaposition d’équipements sans lien entre eux.
Si le budget participatif de Porto Alegre existe toujours, il a considérablement changé depuis que le Parti des travailleurs a perdu les différentes élections locales et a subi les critiques nourries des associations. Avec ce changement, la discussion du budget participatif redescend au sein des secteurs après la discussion par le Conseil du Budget Participatif :
« C’est une erreur parce qu’aucune communauté ne va prendre le risque de formuler une demande hors des thèmes retenus comme priorités de la ville. Elle aurait trop peur de n’obtenir aucun investissement. Le danger est alors de formuler des demandes qui ont des chances d’être retenues mais qui ne correspondent pas vraiment aux urgences du secteur. » (Roselaine Marques Netto in Granet, p.108)
« Autrefois, les gens se sentaient protagonistes du changement dans n’importe laquelle des petites réunions de quartier. Aujourd’hui, la décision n’est guère compatible avec des décisions approfondies » (Miguel Rantique, in Granet, p. 108).
Ce ralentissement de la participation est lié aussi à la capacité à organiser les travaux à temps, d’autant que dans les analyses de Simon Langelier, on trouve un transfert substantiel des investissements locaux (liés à l’habitat informel par exemple) vers de grandes infrastructures qui s’adressent plus aux mêmes populations. De plus chaque nouveau bâtiment entraine mécaniquement une augmentation des frais de fonctionnement (électricité, entretien,…), ce qui, année après année, réduit la part d’investissement disponible.
Moins de délibération, moins de ressources, et des retards, le budget participatif a au cours des années 2000 du plomb dans l’aile de l’avis de beaucoup de participants. Simon Langelier le résume sobrement : « professionnalisation, clientélisme, cooptation, affaiblissement délibératif et inégale redistribution des richesses, mettant en veilleuse la construction de la communauté politique participative. Nous assistons ainsi à un quasi-démantèlement du BP. » Sa généralisation à la fois à une autre échelle (au niveau de l’état fédéral) ou la possibilité d’être mis en place en interne pour les employés municipaux n’ont pas trouvé de suite. En 2014, A Voz Gaucha est passée faire le bilan avec un documentaire à écouter ici :
Avec des conditions qui ont permis son émergence historique, cette expérience a cependant réenchanté la démocratie sur tous les continents. D’abord diffusés au Brésil, puis en Amérique Latine, c’est plusieurs milliers d’expériences qui se revendiquent du modèle de Porto Alegre, sans pour autant adopter ni l’ampleur ni les objectifs politiques qui ont fait la renommée de cette innovation démocratique.
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