Comment évaluer un budget participatif ?

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Pour évaluer et reconnaître la valeur du budget participatif, il faut déterminer en amont deux choses : les objectifs de la démarche et pour qui évalue-t-on ? En fonction des objectifs, des éléments qualitatifs et quantitatifs sont à penser dès le départ pour pouvoir être récoltés et analysés. Par ailleurs, l’analyse ne vaut que si elle est partagée avec les participants pour pouvoir discuter des règles et permettre à la fois une meilleure appropriation mais aussi une meilleure définition des règles du budget participatif.

Beaucoup de travaux sont partis du Brésil pour évaluer l’inclusion des participants. Luciano Fedozzi par exemple a étudié le profil des participants sur de nombreuses années. C’est la question du genre, de l’âge, du niveau de diplôme, de la race, du niveau de revenu mais aussi du nombre d’heures de travail. Une des questions intéressantes dans cette étude est la question des motivations. On observe qu’avec le temps, les participants trouvent d’autres raisons que la « simple » résolution d’un problème local : il y a un élargissement des perspectives allant vers l’intérêt général.

Pour les Américains, la question a été étudiée par l’association Participatory Budgeting en association avec Public Agenda et 10 axes ont été posés, reprenant en partie ces questionnements :
1) Dans quelle mesure le budget participatif fait participer un nombre significatif et croissant de personnes, en incluant ceux qui ne peuvent pas participer dans les affaires publiques traditionnelles ?
2) Dans quelle mesure le BP alimente de nouvelles collaborations entre les organisations de la société civile et la collectivité ?
3) Est-ce que le BP est associé à des carrières politiques d’élus ?
4) Est-ce que le BP fait participer des communautés marginalisées ?
5) Par quels moyens la participation est facilitée avec le BP ?
6) Est-ce que le BP renforce une distribution équitable des ressources ?
7) Quel est le nombre de processus lancés et la somme d’argent allouée par BP chaque année ?
8) Quel est le taux de réalisation des projets vainqueurs ?
9) Est-ce que des ressources supplémentaires sont allouées aux projets et aux besoins identifiés avec le BP ?
10) Quel est le coût pour la collectivité de l’implémentation du budget participatif ?

À Grenoble et à Montreuil, des questions sur la qualité du processus ont été posées aux participants. Leur opinion sur leur souhait quant aux évolutions futures du dispositif est aussi demandée.
Ces questions sont importantes et si les nombres sont importants, il est aussi intéressant d’observer les processus, car beaucoup de choses peuvent rester ignorer des questionnaires. Une démarche, c’est à la fois la manière dont c’est organisé mais aussi les participants, chacun avec leurs motivations propres, qui vont pousser dans un sens ou dans un autre. C’est tout à fait nécessaire d’étudier cet impact sur la qualité du dispositif : comment étudier la qualité des délibérations ? Est-ce que les participants sentent qu’ils ont un impact significatif sur l’allocation des ressources ? Est-ce que tout cela entraine une amélioration de la qualité de vie ?

Autant de réponses à trouver qui sont difficilement évaluables à la lumière du nombre de projets déposés ou du nombre de votants.