Le budget participatif s’est progressivement mis en place après 1989 à Porto Alegre, la capitale du Rio Grande do Sul, forte de 1,3 millions d’habitants. Le mouvement associatif est très mobilisé durant la dictature et en 1985 l’Union des associations de quartiers de Porto Alegre (UAMPA) revendique lors de son congrès une gestion participative du budget municipal.
C’est à partir de cette revendication que le Parti des Travailleurs va pouvoir répondre à un autre défi lorsqu’Olívio Dutra arrive à l’exécutif de la mairie en 1988 : les finances publiques, grignotées à 98 % par les dépenses de fonctionnement, connaissent une crise telle que le nouveau maire se retrouve empêché de mettre en place les projets pour lesquels il avait fait campagne. Par ailleurs, les villes au Brésil font la distinction entre l’exécutif et le législatif au niveau local : Dutra doit gouverner avec une assemblée municipale (câmara de vereadores) qui n’est certes pas de son bord mais qui a des pouvoirs d’amendement limités sur le budget.
Dans un pays en pleine décentralisation après la réforme constitutionnelle de 1988, Leonaro Avritzer définit donc quatre grandes conditions pour la réussite du budget participatif à partir de l’expérience de Porto Alegre :
- la volonté politique du parti qui détient le pouvoir
- la densité associative et le degré de cohésion et d’organisation de la société
- les éléments du design institutionnel
- la capacité administrative et financière pour réaliser les travaux
C’est avec ces conditions favorables que le budget participatif est négocié entre la nouvelle administration liée au PT et les représentants des mouvements sociaux. Au fur et à mesure que les équipements sont mis en place, la participation a décollé quand les résultats des mobilisations deviennent évidentes. On estime qu’environ 10 % de la population s’est manifesté à un moment ou un autre au cours des différentes années. Au cours de l’année 2005, il y a eu pic de participation aux réunions plénières à 40 000 habitants.